Petite bibliographie commentée sur le partage de la valeur ajoutée
sur la chronique de Jean-Marc Vittori : Non, les salariés ne sont pas sacrifiés, Les Echos, 4 novembre 2008

1- Sur la baisse de la part du travail dans les pays développés

The globalisation of labor, chapitre 5 de World economic outlook , FMI, avril 2007. Thèse centrale : La baisse incontestable de la part des salaires dans la richesse créée dans les pays développés ne vient pas tant de la mondialisation et des délocalisations que du progrès technologique.

The global upward trend in the profit share, par Luci Ellis and Kathryn Smith, BIS Working Papers n°231, juillet 2007. Ces deux chercheuses de la Banque des règlements internationaux montrent que " le progrès technologique en cours a accru le taux d'obsolescence des biens d'équipement ". Schématiquement, les entreprises ont besoin de plus d'argent pour changer régulièrement les ordinateurs de leurs salariés.

The labour income share in the european union, chapitre 5 de Employment in Europe,report 2007, Commission européenne. Des graphiques pour chacun des pays de l'Union européenne montrent clairement l'exception française. Thèse du document : " Le progrès technologique est la première source de la chute de la part du travail, mais cette chute est inégalement répartie selon le niveau de qualification des salariés ".

2. Sur la situation française

Les chiffres de référence, établis par l'Insee.

Quelle tendance pour les salaires dans la valeur ajoutée ? par Denis Clerc, UFAL Flash n°44, mars 2008. L'économiste fondateur du mensuel Alternatives économiques classé très à gauche, fait une étude fouillée sur la question du partage. Sa conclusion surprendra ceux qui croient qu'un choix politique assumé mène toujours à tordre les faits : " La France n'est que très peu concernée, voire pas du tout, par le mouvement assez général (au moins dans les pays de l'Union européenne) de baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée des sociétés non financières ".

Part des salaires : et pourtant, elle baisse ! par Michel Husson, 16 avril 2008. Ce chercheur à l'Ires, membre du Conseil scientifique d'Attac, riposte à Denis Clerc. Selon ses calculs, la part du travail a durablement chuté pour rétribuer davantage les actionnaires. Mais le résultat n'était-il pas écrit à l'avance ?

Soixante ans d'économie française : des mutations structurelles profondes,, Gérard Bouvier et Charles Pilarski, Insee Première n°1201, juillet 2008. Ces chercheurs de l'Insee montrent que la part des salaires dans la valeur ajoutée n'a pas cessé de monter dans les années 50 et 60. Mais ces chiffres ne sont pas corrigés de la montée en puissance du salariat, au détriment des revenus des indépendants. Ce qui a valu aux auteurs une vive réplique de Michel Husson ( La véritable histoire de la part salariale).

Croissance et inégalités,  OCDE, 2008. Dans ce rapport très riche et tout récent, l'exception française paraît à maints endroits. Les très hauts salaires ont moins progressé qu'ailleurs jusqu'à la fin des années 90, la redistribution y joue un rôle important...

Les hauts revenus en France (1998-2006) : une explosion des inégalités ?,  par Camille Landais, Paris School of Economics, juin 2007. Prolonge les chiffres sur les salaires publiés dans le rapport de l'OCDE, en montrant l'envol des très hauts salaires.

Vers une théorie du partage de la valeur ajoutée,  par Philippe Askenazy, in Insee Methodes n°118, 2007. Une réflexion originale sur les déterminants du partage de la valeur ajoutée. Et un rapprochement inattendu avec la physique, où l'on retrouve dans certains domaines une constante d'un tiers, qui correspond à la part de long terme des profits dans le partage.